L'heure semblait à l'apaisement cette semaine. Mardi, Alcoa, premier groupe du Dow Jones à dévoiler ses résultats, a présenté des comptes trimestriels supérieurs aux attentes et l’agence Fitch a déclaré qu’elle n’envisageait pas de dégrader la note de la France en 2012, pour peu que la conjoncture ne se détériore pas davantage. Le succès inespéré des émissions obligataires espagnoles et italiennes entre mercredi et vendredi, les premières de l'année pour ces pays, a également soutenu le moral des investisseurs. Ces deux pays ont réussi à lever plusieurs dizaines de millions d’euros à des taux très inférieurs à ceux exigés il y a un mois. Cette détente des rendements prouve que les problèmes de liquidités sont pour l’instant réglés, ce qui n’était pas évident il y a encore une semaine. En effet, les 490 milliards déversés par la BCE pour soutenir les banques à la fin du mois de décembre étaient jusqu’ici restés inemployés, menaçant l’économie européenne d’un « credit crunch ». Jeudi soir, la BCE, qui a laissé ses taux inchangés à 1%, s’est dite prête à agir si besoin. Là aussi, un soulagement. Cependant, vendredi, Standard & Poor's a abaissé la note de crédit de neuf pays de la zone euro, dont le précieux triple A de la France et de l'Autriche. Cette décision était anticipée depuis début décembre mais la sanction est d'autant plus nette que les quatre autres "triple A" de la zone euro, Pays-Bas, Luxembourg, Finlande mais surtout Allemagne, conservent cette distinction qui permet de s'endetter à moindre coût. Le scénario d'un éclatement de la zone euro n'a pas été retenu par S&P dans ses décisions. En revanche, les institutions et les dirigeants européens sont les premiers visés par ses critiques sur les solutions "insuffisantes" échafaudées au fil des multiples sommets "de la dernière chance". Le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF), ce mécanisme de secours pour les Etats en difficulté, pourrait perdre à son tour dans les prochains jours sa note AAA, ce qui compliquerait encore plus sa tâche. Dans ce contexte, la nervosité va dominer sur les marchés et la légère embellie de ce début d’année risque d’être remise en cause par une série de facteurs négatifs. De nombreuses questions restent en suspens et la Grèce inquiète. Les banques créancières ont annoncé qu’elles suspendaient leur participation aux négociations sur les modalités de restructuration de la dette publique grecque et ont laissé entendre qu’elles pourraient revenir sur leur engagement à en effacer volontairement une grande partie. Les discussions reprennent mercredi prochain.
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