La crise du coronavirus a, selon la Fédération Française de
l’Assurance, entraîné, au mois de mars, une décollecte de 2,2 milliards d’euros
pour l’assurance vie. Il s’agit de la première décollecte depuis le mois de
décembre 2018. Il faut remonter à décembre 2011, en pleine crise grecque, pour
avoir une collecte nette négative d’une ampleur plus forte (-3,8 milliards d’euros).
Compte tenu du contexte anormal, cette décollecte n’est pas illogique.
Ce résultat est la conséquence du fort recul des cotisations
sui sont passées de 11,2 à 9 milliards d’euros de février à mars 2020. Un an
auparavant, en mars 2019, les cotisations s’élevaient à 12,3 milliards d’euros.
De leur côté, les prestations ont atteint 11,2 milliards d’euros au mois de
mars contre 9,7 milliards d’euros en février et 10 milliards d’euros en mars
2019.
L’assurance vie a été victime du confinement. Les épargnants
ont été entravés dans leur mouvement du fait du confinement qui a été appliqué
à compter du 17 mars. Ils n’ont pas, de ce fait, durant la deuxième quinzaine
du mois de mars, eu la possibilité de rencontrer leur assureur ce qui a limité
le nombre d’opérations. La proportion des assurés qui utilisent Internet pour
effectuer des arbitrages est plus faible que celle des titulaires du Livret A
Effet de stupeur, effet de précaution
L’assurance vie ne profite pas de l’envolée du taux d’épargne.
Depuis le milieu de mois de mars, de manière subie, les ménages épargnent faute
de pouvoir consommer. Le taux d’épargne aurait atteint, selon l’OFCE 27 % du
revenu disponible brut contre 15 % en fin d’année dernière. Au-delà des
problèmes de déplacement, la violence de la crise sanitaire et économique conduit
les épargnants à privilégier les liquidités et la sécurité. Le résultat positif
du Livret A, en mars, +2,71 milliards d’euros (3,82 milliards d’euros avec le
LDDS) traduit bien cet état d’esprit.
Face au risque de pertes de revenus et en raison d’un niveau
élevé d’incertitudes, les ménages renforcent logiquement leur épargne de
précaution. Les commerçants, les artisans et les professions libérales qui
sont, en moyenne, bien équipés en contrats d’assurance vie, doivent faire face
à des pertes de revenus, ne pouvant plus pour un grand nombre d’entre eux
exercer leur métier. Cette situation explique également la progression des prestations,
certains assurés, pouvant avoir besoin de liquidités pour faire face à des échéances
incontournables.
Effet de précaution mais pas d’effet de panique
Si la décollecte de mars est importante, elle ne témoigne
néanmoins pas d’un mouvement de panique. Elle est assez logique au regard de la
situation. Le montant des versements, certainement réalisés avant le confinement
est correct. La part des unités de compte dans la collecte brute est de 35 %,
contre 45 % en février. Ce résultat n’est pas en soi interprétable du fait du
caractère dual du mois de mars. Est-ce que des assurés ont profité de la chute
des cours pour réaliser des bonnes opérations ou ces souscriptions ont-elles été
réalisées avant le confinement ? Ce qui est certain c’est que les assurés
malgré la crise ne se sont pas complètement détournés des unités de compte en
mars. La chute des cours des actions est au regard de la crise pour le moment
maîtrisée. La solidité de la sphère financière a été soulignée ce qui ne place
pas les épargnants dans la même situation qu’en 2008/2009 ou qu’en 2011/2013.