Le relèvement des plafonds du Livret A et du LDD a créé un réel appel d'air avec une envolée de l'encours de 25 milliards d'euros.
Le mois d'octobre a été celui du Livret A et du Livret de développement durable qui ont profité du relèvement des plafonds. Les deux livrets ont collecté 21,29 milliards d'euros en octobre. Fin octobre 2012, l'encours de deux livrets est de 325,5 milliards d'euros soit 88,8 milliards de plus que fin 2008.
Les raisons de ce record
Logiquement à l'automne, les versements sont faibles du fait des dépenses de rentrée et des impôts. En octobre 2011, la collecte nette n'avait ainsi atteint que 390 millions d'euros sur le Livret A et le LDD et avait même été négative (retraits supérieurs aux versements) de 380 millions en octobre 2010.
Ce record absolu est la conséquence directe du passage de 6.000 à 12.000 euros du plafond du LDD et de 15.300 à 19.125 euros du plafond du Livret A.
Le LDD qui était à la traîne depuis des mois a été boosté avec une collecte nette de 13,94 milliards d'euros soit une progression de l'encours de près de 20% en seulement un mois. Ce bon résultat du LDD s'explique par le fait que 6,6 millions de LDD étaient au plafond avant le relèvement contre 5,2 millions pour le Livret A. Le LDD bénéficie également d’une diffusion plus ancienne dans les réseaux bancaires par rapport à la récente banalisation du Livret A.
Pour le Livret A, la collecte nette a été de 7,35 milliards d'euros, octobre 2012, inférieure à celle de janvier 2009, avec 18,31 milliards
Autre raison : les augmentation d’impôt
L’impact des augmentations d’impôt par le Gouvernement est double.
Premièrement, l’assujettissement des livrets bancaires, des dividendes et des intérêts des obligations au barème de l’impôt sur le revenu a rendu plus attractif l’épargne défiscalisée.
Deuxièmement, quand un gouvernement annonce des augmentations d’impôt, les Français ont tendance à accroître leur effort d’épargne de précaution.
D’où vient l’argent ?
Les Français restent des fourmis avec un taux d’épargne élevé autour de 16 % du revenu disponible brut.
Néanmoins, la collecte nette de plus de 21 milliards d’euros s’explique par des transferts en provenance des comptes courants qui ont fortement progressé depuis le début de la crise, des comptes sur livret et un peu de l’assurance-vie.
Quelles conséquences ?
Le relèvement des plafonds favorise l'épargne de court terme au détriment des placements actions et obligataires. Or, dans le rapport Gallois comme dans le pacte de compétitivité du Gouvernement, il était bien indiqué qu’il faut favoriser une épargne de longue terme orientée vers les entreprises afin qu’elles puissent accroître leurs fonds propres.
L’essor de l’épargne défiscalisée permet, en revanche, au gouvernement de financer sa politique en faveur du logement social et la future Banque Publique d’Investissement. Néanmoins, aujourd’hui, le logement social souffre plus de pénuries de foncier. Les ressources collectées sont surabondantes.
Par ailleurs, l’épargne défiscalisée n’assure pas la meilleure allocation de l’épargne. C'est la Caisse des dépôts qui effectuent la transformation de l'épargne courte en ressources longues pour le logement social ou les collectivités locales. Pour assurer la liquidité et la garantie de capital, la moitié de l’épargne collectée dans le cadre du LDD et du Livret A doit être placée à court terme et en placements sûrs (obligations d’Etat…).
De quoi sera fait demain ?
La croissance de l’épargne défiscalisée devrait se poursuivre d’autant plus que dans les prochains mois, le plafond du Livret A passera de 19 125 à 22 950 euros. Le resserrement des rémunérations des différents placements ainsi que l’entrée en vigueur de la nouvelle fiscalité sur l’épargne financière contribueront à la poursuite du mouvement actuel. Enfin, l’état dégradé de la conjoncture et le fort taux de chômage poussent à l’augmentation de l’épargne de précaution.
lire le communiqué de la CDC