CERCLE DE L'EPARGNE, DE LA RETRAITE ET DE LA PREVOYANCE

Le Cercle des Epargne, de la retraite et de la prévoyance est un centre d'études et d'information indépendant qui a pour objet de réaliser des études et d'informer les épargnants sur toutes les questions relatives à l'épargne, la retraite et la prévoyance

Il bénéfice de l'appui et de l'expertise d'un Conseil scientifique et du soutien d'AG2R La Mondiale

Pour plus de renseignements et pour tous les contacts presse, vous pouvez nous contacter au 06 13 90 75 48

jeudi 30 octobre 2008

Au sujet d'un très bon article de Jean-Paul Fitoussi, Président de l'OFCE

Jean-Paul Fitoussi, Président de l'OFCE, membre du Conseil scientifique du Cercle des Epargnants, à travers un article publié dans le quotidien "Le Monde" décrypte la crise financière. Pour l'économiste, nous sommes confrontés à la première crise de compréhension économique. En effet, la fausse dilution du risque avec le montage de produits financiers tellement complexes que même les experts sont capables de les expliquer et d'apprécier les risques dont ils sont porteurs. Après la montée aux extrêmes alimentée par l'argent pas cher de la FED, le risque masquée s'est transformé en défiance généralisée. Au nom du principe de précaution, les banques se sont interdits de faire leur métier de prêteur. Après avoir consumé leurs ailes, elles ont opté pour la grève du zèle au risque de glacifier l'ensemble de l'économie.

pour en savoir plus

lundi 27 octobre 2008

Rien n'est définitif

Réduisez vos dépenses, reportez vos vacances, préparez vous à faire face à la crise du siècle, les journalistes comme les hommes politiques jouent aux oiseaux de mauvais augure au risque de renforcer l’impact de la crise. A ce petit jeu, ils vont ajouter à la crise d’offre une crise de la demande. la croissance française dépend essentiellement de la demande intérieure or pour elle n’est que marginalement concernée par la crise financière. certes, la restriction du crédit pénalise le secteur de l’automobile. De plus, la détente sur les prix des matières premières devrait aboutir à une revalorisation du fameux pouvoir d’achat qui il faut le souligner contrairement à la perception générale à augmenter en 2007. L’économie est aujourd’hui soumise à la dictature de l’émotionnel et du sensationnel. A force d’apeurer la population, il est évident qu’elle prendra des mesures de précaution et remplira un peu plus le Livret A. Il faut souligner que les Français sont déjà les champions du monde de l’épargne de précaution, plus de 15,8 % du revenu disponible brut est consacré à l’épargne.

dans les faits, la crise espérée par certains a commencé avant le krach financier. ce dernier est une résultant d’une crise plus large. La croissance de ces dernières années s’est nourrie de la spéculation immobilière et des gains de pouvoirs d’achats générés par les importations à bas coûts en provenance des pays émergents. La forte croissance de l’économie mondiale et l’augmentation des cours des matières premières qui en a découlé, renforcée par la spéculation, ont enrayé le système ; Les menaces inflationnistes ont provoqué le relèvement des taux d’intérêt et ont alourdi les coûts de production. Du fait de l’absence de gains de productivité, cette situation ne pouvait aboutir qu’à une récession. Les subprimes qui ont nourri la croissance avec la création d’une bulle d’endettement par effet de levier ont joué un effet accélérateur dans la descente aux enfers.

L’augmentation du nombre de faillites en France a commencé avant l’éclatement de la crise financière témoignant que la création de richesse était en panne.

L’erreur économique serait de considérer la crise actuelle que sous l’angle de la demande et d’ignorer l’offre.

la fin du cycle de croissance commencé dans les années quatre-vingt-dix provient de l’épuisement des retombées des nouvelles techniques de l’information ; la nouvelle croissance devra se construire sur de nouveaux gisements (développement durable, énergie, modes d’organisation...).

Les pouvoirs publics auront de choix soit d’aider les canards boiteux, soit de préparer l’avenir, soit de doper artificiellement la demande, soit de contribuer à l’émergence de nouveaux produits et service....

vendredi 17 octobre 2008

Jean-Pierre Thomas dans la Revue Parlementaire

Surmontons le mythe de Sisyphe

Par JEAN-PIERRE THOMAS, Associé gérant, Banque Lazard


Le mur des retraites est devant nous. Comme prévu, nous n’échapperons pas au défi du financement des retraites. Chaque année, plus de 700 000 actifs partent à la retraite. D ’ici 2050, le nombre de retraités passera de 13 à 29 millions. Le nombre de retraités par rapport aux actifs atteindra alors 83 % contre 45 % en 2006. Au-delà de ces chiffres, il convient de souligner que nous sommes confrontés à une belle et fantastique révolution démographique. Le vieillissement de la population est à tort décrié. Il est la preuve d’un indéniable progrès, d’une victoire de l’Homme sur le temps. L’espérance de vie a, en effet, gagné plus d’une vingtaine d’années en moins d’un siècle. Sous Louis XV, elle ne dépassait pas 25 ans. Aujourd’hui, elle atteint 77 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes. Une fille sur deux qui naît en 2008 sera, a priori, centenaire. Nous vivons de plus en plus vieux et en meilleure santé.

La vie s’allonge et se transforme ; la durée consacrée à la formation s’accroît comme celle de la retraite. A ces deux phénomènes, il faut ajouter le papy-boom, enfant du baby-boom des années soixante. L’arrivée des classes nombreuses d’après-guerre n’explique pas à elle seule le problème du financement des retraites ; elle l’augmente simplement de manière temporaire.

Chaque année, la France consacre 13 % de sa richesse nationale à l’assurance vieillesse ; d’ici 2050, il faudra dégager plus de 15 % du PIB. A législation constante, les pertes des régimes de retraite passeront de 4 à plus de 68 milliards d’euros selon le Conseil d’orientation des retraites.

Le défi des retraites est connu depuis le début des années quatre-vingt. Il faut, à ce titre, reconnaître le courage de certains hommes politiques comme Edouard Balladur, François Fillon ou Xavier Bertrand d’avoir pris leurs responsabilités afin de mener des réformes nécessaires tout en contredisant la maxime de Michel Rocard en vertu de laquelle le dossier des retraites pouvait faire « sauter » plusieurs gouvernements.

Néanmoins, force est de constater qu’il aura fallu plus de quinze ans pour achever le travail amorcé par le Premier Ministre Edouard Balladur en 1993, deux années après la publication du Livre Blanc de Michel Rocard.

Pour régler l’épineux problème de la retraite, les curseurs sont connus :
• L’augmentation des cotisations mais la France a peu de marges en la matière avec un taux de prélèvement de plus de 43 % du PIB ;
• Modifier les règles de calcul des pensions ;
• Reculer l’âge légal de départ à la retraite fixé à 60 ans depuis 1982 ;
Développer des suppléments de retraite par capitalisation.

Les gouvernements ont opté pour le second curseur allongeant de 37,5 à 40 ans la durée de cotisation, en retenant les 25 meilleures années au lieu des dix meilleures années pour le calcul de la pension du régime de base et en indexant les pensions non plus sur les salaires mais sur les prix. Cette option imposée aux salariés du privé en 1993, aux fonctionnaires en 2003 et enfin aux bénéficiaires des régimes spéciaux en 2007 aura, à terme, comme conséquence une baisse du taux de remplacement, c'est-à-dire le montant de la pension perçue sur le dernier salaire, de 10 à 20 %.

Par ailleurs, nous n’échapperons pas à une augmentation des cotisations d’assurance vieillesse, la prochaine de 0,3 % intervenant au début de l’année 2009.

Nos partenaires ont préféré jouer sur le curseur de l’âge légal de départ à la retraite qui est désormais en moyenne de 65 ans au sein de l’Union européenne. Certains pays l’ont même repoussé à 67 ans. Avec une vie active qui commence plus tard et une durée de vie après 60 ans qui s’accroît, il n’est pas illogique de décaler l’âge de départ à la retraite. Avec un taux d’emploi des seniors de 38 %, la France fait figure, en la matière, de mauvaise élève. Un travail de pédagogie à destination tant des salariés que des employeurs est à mener.

Le rendez-vous des retraites de 2008 prend acte que le chantier de la retraite est un chantier permanent. Il reste 40 % du chemin à réaliser pour maintenir en équilibre nos régimes. Le passage à 41 ans de la durée de cotisation est incontournable même si, en filigrane, elle pose la question de l’âge légal de départ à la retraite. L ’amélioration du dispositif de surcote pour inciter les salariés à poursuivre leur activité est une bonne mesure tout comme la levée des restrictions sur le cumul emploi/retraite.

La réforme 2008 est, en revanche, très silencieuse sur le développement de l’épargne retraite. Les circonstances, la crise financière, les subprimes, ne doivent pas masquer une réalité ; la capitalisation est un outil incontournable pour limiter la chute du taux de remplacement des régimes par répartition. Le rendement de l’épargne retraite ne saurait être analysé que sous l’angle des résultats quotidiens du CAC 40 ; il s’agit d’un produit d’épargne à long terme dont l’encours est placé en actions cotées mais aussi en actions non cotées, en obligations, en immobilier ou en titres monétaires.

L’épargne retraite représente, en France, 100 milliards d’euros d’encours ; les cotisations s’élèvent, chaque année, à plus de 10 milliards d’euros. Plus de 6 millions d’actifs ont accès à un produit d’épargne retraite qu’il soit collectif ou individuel. Deux millions de Français ont ouvert un Plan d’Epargne Retraite Populaire et plus de 350 000 ont souscrit dans leur entreprise un Plan d’Epargne Retraite Collectif depuis 2004. Il faut aussi avoir à l’esprit que plus d’un indépendant sur deux (commerçants, artisans, chefs d’entreprise, professions libérales) possèdent un contrat Madelin. Il est faux d’affirmer que l’épargne retraite est un échec en France. Ces bons résultats sont d’autant plus encourageants que notre pays est parti en retard dans le domaine de la capitalisation et qu’il n’a pas opté pour la simplicité.

L’existence d’un grand nombre de produits destinés à l’épargne retraite est une source indéniable de confusion et de perplexité. Cohabitent ainsi plusieurs systèmes collectifs en entreprise, l’article 39, l’article 82, l’article 83, le PERCO, le PERE… et aussi plusieurs systèmes individuels, le PERP, la Préfon, le COREM, les Contrats Madelin…

Un bon produit d’épargne doit l’être pour les épargnants mais aussi pour les entreprises et les professionnels qui le commercialisent. La réglementation actuelle complique plus qu’elle ne favorise l’épanouissement de l’épargne retraite. Elle corsète plus qu’elle ne libère ; elle dissuade plus qu’elle n’encourage la souscription de produits retraite.

Or, la question de l’épargne retraite nous amène à réfléchir sur l’avenir de la France et de son économie. Aujourd’hui, les entreprises du CAC 40 sont possédées à plus de 45 % par des fonds étrangers, essentiellement des fonds de pension anglo-saxons. Les fonds souverains alimentés par la rente pétrolière ou les fonds chinois constitués grâce aux abondants excédents commerciaux pèsent déjà plus de 3000 milliards de dollars. De son côté, la France ne dispose que du Fonds de Réserve des Retraites dont les actifs sont évalués à moins de 35 milliards d’euros. L’absence de véritables fonds de retraite expose les entreprises françaises aux vicissitudes des fonds et marchés étrangers. Par ailleurs, les PME françaises ne sont pas épaulées, tirées vers le haut. Elles ne peuvent pas s’appuyer sur des fonds français pour se développer. Le non coté reste marginal. Or, surtout en période de tourmente financière, le non coté permet d’offrir des rendements supérieurs déconnectés de la spéculation. Il ne faut pas oublier que 80 % des entreprises ont moins de 10 salariés et que 60 % des salariés travaillent dans une PME. Autre défi, moins de 10 % des salariés des PME ont accès à un supplément de retraite.

Le débat sur les retraites demeurera pour de nombreuses années au coeur de l’actualité. Il influe sur nos grands équilibres sociaux, économiques et stratégiques. Des réponses qui seront données, dépendent la physionomie de la France dans les cinquante prochaines années. La canicule de 2003 a montré du doigt la réalité et les conséquences du vieillissement de la population. Au-delà de ce tragique évènement, il convient de tirer le meilleur profit de l’allongement de la durée de la vie et de préparer notre économie, notre société, à y faire face.

mardi 14 octobre 2008

2 octobre 2008 : Jean-Pierre Gaillard interviewé par Philippe Crevel sur la crise financière

Le 2 octobre dernier, Jean-Pierre Gaillard, le Président du Cercle, était interviewé par Philippe Crevel au sujet de la crise financière à l'occasion des Entretiens de l'Epargne et de la Retraite.


Photos des Entretiens de l'Epargne Retraite à Toulouse






Plus de 330 personnes ont assisté aux Entretiens de l'Epargne et de la Retraite à Toulouse le 2 octobre dernier. Ont participé comme intervenants Jacques Barthélémy, Philippe Crevel, Jean-Pierre Thomas, Jérôme Jaffré, Florence Legros et Jean-Pierre Gaillard.


















Toulouse, Les Entretiens de l'Epargne Retraite 2 octobre 2008





Réunion du Cercle à Toulouse le 2 octobre








Photos de Jean-Pierre Gaillard, Philippe Setbon, Jérôme Jaffré et Florence Legros et Philippe Crevel

jeudi 9 octobre 2008

La crise est mauvaise conseillère

La bourse n’aime pas l’automne ; c’est connu et les Français ne l’aiment pas plus du fait du retour des vacances, des impôts à payer et de l’arrivée du temps maussade. Est-ce une raison pour sombrer dans la dépression et jeter le bébé avec l’eau du bain. La chute du cours des actions ne concernent qu’un nombre limité d’épargnants français, environ 7 millions. 80% des contrats d’assurance-vie sont en fonds euros. En Europe, aucune faillite réelle de banque n’a été enregistrée depuis le début de a crise. Les Etats, plus ou moins explicitement, se sont portés garants de l’épargne de leurs ressortissants. De ce fait, céder à la panique en retirant son argent, en le mettant sous le matelas n’a comme conséquences que de renforcer la crise et d’attirer les voleurs.....

mercredi 1 octobre 2008

"Demain n’attend pas" par le Cercle des Epargnants

"Demain n’attend pas" par le Cercle des Epargnants

Le Cercle des Epargnants vient de publier une nouvelle "Demain n’attend pas ou comment relever le défi de la retraite". A travers l’examen de la situation personnelle de Xavier, cadre de PME à Bordeaux, cette nouvelle permet d’aborder les différentes solutions pour améliorer sa future retraite.

lire la nouvelle

SURMONTONS LE MYTHE DE SISYPHE

SURMONTONS LE MYTHE DE SISYPHE



Le mur des retraites est devant nous. Comme prévu, nous n’échapperons pas au défi du financement des retraites. Chaque année, plus de 700 000 actifs partent à la retraite. D’ici 2050, le nombre de retraités passera de 13 à 29 millions. Le nombre de retraités par rapport aux actifs atteindra alors 83 % contre 45 % en 2006. Au-delà de ces chiffres, il convient de souligner que nous sommes confrontés à une belle et fantastique révolution démographique. Le vieillissement de la population est à tort décrié. Il est la preuve d’un indéniable progrès, d’une victoire de l’Homme sur le temps. L’espérance de vie a, en effet, gagné plus d’une vingtaine d’année en moins d’un siècle. Sous Louis XV, elle ne dépassait pas 25 ans. Aujourd’hui, elle atteint 77 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes. Une fille sur deux qui naît en 2008 sera, a priori, centenaire. Nous vivons de plus en plus vieux et en meilleure santé.

La vie s’allonge et se transforme ; la durée consacrée à la formation s’accroît comme celle de la retraite. A ces deux phénomènes, il faut ajouter le papy-boom, enfant du baby-boom des années soixante. L’arrivée des classes nombreuses d’après-guerre n’explique à elle seule le problème du financement des retraites ; elle l’augmente simplement de manière temporaire.

Chaque année, la France consacre 13 % de sa richesse nationale à l’assurance vieillesse ; d’ici 2050, il faudra dégager plus de 15 % du PIB. A législation constante, les pertes des régimes de retraite passeront de 4 à plus de 68 milliards d’euros selon le Conseil d’orientation des retraites.

Le défi des retraites est connu depuis le début des années quatre-vingt. Il faut, à ce titre, reconnaître le courage de certains hommes politiques comme Edouard Balladur, François Fillon ou Xavier Bertrand d’avoir pris leurs responsabilités afin de mener des réformes nécessaires tout en contredisant la maxime de Michel Rocard en vertu de laquelle le dossier des retraites pouvait faire « sauter » plusieurs gouvernements.

Néanmoins, force est de constater qu’il aura fallu plus de quinze ans pour achever le travail amorcé par le Premier Ministre Edouard Balladur en 1993, deux années après la publication du Livre Blanc de Michel Rocard.

Pour régler l’épineux problème de la retraite, les curseurs sont connus :

• L’augmentation des cotisations mais la France a peu de marges en la matière avec un taux de prélèvement de plus de 43 % du PIB ;
• Modifier les règles de calcul des pensions ;
• Reculer l’âge légal de départ à la retraite fixé à 60 ans depuis 1982 ;
• Développer des suppléments de retraite par capitalisation.

Les gouvernements ont opté pour le second curseur allongeant de 37,5 à 40 ans la durée de cotisation, en retenant les 25 meilleures années au lieu des dix meilleures années pour le calcul de la pension du régime de base et en indexant les pensions non plus sur les salaires mais sur les prix. Cette option imposée aux salariés du privé en 1993, aux fonctionnaires en 2003 et enfin aux bénéficiaires des régimes spéciaux en 2007 aura, à terme, comme conséquence une baisse du taux de remplacement, c'est-à-dire le montant de la pension perçue sur le dernier salaire, de 10 à 20 %.

Par ailleurs, nous n’échapperons pas à une augmentation des cotisations d’assurance vieillesse, la prochaine de 0,3 % intervenant au début de l’année 2009.

Nos partenaires ont préféré jouer sur le curseur de l’âge légal de départ à la retraite qui est désormais en moyenne de 65 ans au sein de l’Union européenne. Certains pays l’ont même repoussé à 67 ans. Avec une vie active qui commence plus tard et une durée de vie après 60 ans qui s’accroît, il n’est pas illogique de décaler l’âge de départ à la retraite. Avec un taux d’emploi des seniors de 38 %, la France fait figure, en la matière, de mauvaise élève. Un travail de pédagogie à destination tant des salariés que des employeurs est à mener.

Le rendez-vous des retraites de 2008 prend acte que le chantier de la retraite est un chantier permanent. Il reste 40 % du chemin à réaliser pour maintenir en équilibre nos régimes. Le passage à 41 ans de la durée de cotisation est incontournable même si, en filigrane, elle pose la question de l’âge légal de départ à la retraite. L’amélioration du dispositif de surcote pour inciter les salariés à poursuivre leur activité est une bonne mesure tout comme la levée des restrictions sur le cumul emploi/retraite.

La réforme 2008 est, en revanche, très silencieuse sur le développement de l’épargne retraite. Les circonstances, la crise financière, les subprimes, ne doivent pas masquer une réalité ; la capitalisation est un outil incontournable pour limiter la chute du taux de remplacement des régimes par répartition. Le rendement de l’épargne retraite ne saurait être analysé que sous l’angle des résultats quotidiens du CAC 40 ; il s’agit d’un produit d’épargne à long terme dont l’encours est placé en actions cotées mais aussi en actions non cotées, en obligations, en immobilier ou en titres monétaires.

L’épargne retraite représente, en France, 100 milliards d’euros d’encours ; les cotisations s’élèvent, chaque année, à plus de 10 milliards d’euros. Plus de 6 millions d’actifs ont accès à un produit d’épargne retraite qu’il soit collectif ou individuel. Deux millions de Français ont ouvert un Plan d’Epargne Retraite Populaire et plus de 350 000 ont souscrit dans leur entreprise un Plan d’Epargne Retraite Collectif depuis 2004. Il faut aussi avoir à l’esprit que plus d’un indépendant sur deux (commerçants, artisans, chefs d’entreprise, professions libérales) possèdent un contrat Madelin. Il est faux d’affirmer que l’épargne retraite est un échec en France. Ces bons résultats sont d’autant plus encourageants que notre pays est parti en retard dans le domaine de la capitalisation et qu’il n’a pas opté pour la simplicité.




L’existence d’un grand nombre de produits destinés à l’épargne retraite est une source indéniable de confusion et de perplexité. Cohabitent ainsi plusieurs systèmes collectifs en entreprise, l’article 39, l’article 82, l’article 83, le PERCO, le PERE… et aussi plusieurs systèmes individuels, le PERP, la Préfon, le COREM, les Contrats Madelin…

Un bon produit d’épargne doit l’être pour les épargnants mais aussi pour les entreprises et les professionnels qui le commercialisent. La réglementation actuelle complique plus qu’elle ne favorise l’épanouissement de l’épargne retraite. Elle corsète plus qu’elle ne libère ; elle dissuade plus qu’elle n’encourage la souscription de produits retraite.

Or, la question de l’épargne retraite nous amène à réfléchir sur l’avenir de la France et de son économie. Aujourd’hui, les entreprises du CAC 40 sont possédées à plus de 45 % par des fonds étrangers, essentiellement des fonds de pension anglo-saxons. Les fonds souverains alimentés par la rente pétrolière ou les fonds chinois constitués grâce aux abondants excédents commerciaux pèsent déjà plus de 3000 milliards de dollars. De son côté, la France ne dispose que du Fonds de Réserve des Retraite dont les actifs sont évalués à moins de 35 milliards d’euros s. L’absence de véritables fonds de retraite expose les entreprises françaises aux vicissitudes des fonds et marchés étrangers. Par ailleurs, les PME françaises ne sont pas épaulées, tirées vers le haut. Elles ne peuvent pas s’appuyer sur des fonds français pour se développer. Le non coté reste marginal. Or, surtout en période de tourmente financière, le non coté permet d’offrir des rendements supérieurs déconnectés de la spéculation. Il ne faut pas oublier que 80 % des entreprises ont moins de 10 salariés et que 60 % des salariés travaillent dans une PME. Autre défi, moins de 10 % des salariés des PME ont accès à un supplément de retraite.

Le débat sur les retraites demeurera pour de nombreuses années au cœur de l’actualité. Il influe sur nos grands équilibres sociaux, économiques et stratégiques. Des réponses qui seront données, dépendent la physionomie de la France dans les cinquante prochaines années. La canicule de 2003 a montré du doigt la réalité et les conséquences du vieillissement de la population. Au-delà de ce tragique évènement, il convient de tirer le meilleur profit de l’allongement de la durée de la vie et de préparer notre économie, notre société, à y faire face.

L’EPARGNANT SCHIZOPHRENE

L’EPARGNANT SCHIZOPHRENE
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En cet automne, l’épargne ne connaît pas d’été indien. Face au ralentissement de l’économie mondiale, face à l’accumulation des dépenses publiques à financer et compte tenu du niveau élevé de nos déficits publics, le Gouvernement est à la recherche de nouvelles recettes. En quelques semaines, il a été décidé la création d’une taxe de 1,1 point sur les revenus issus du patrimoine ainsi que l’assujettissement de l’épargne salariale et de l’épargne retraite d’entreprise à une cotisation d’assurance maladie de 2 %. Nul ne conteste le bien-fondé du Revenu de Solidarité Active ou la revalorisation des petites pensions, en revanche l’épargne doit-elle être la principale voire l’unique variable d’ajustement des finances publiques ?

L’épargne serait ainsi un puit sans fond duquel les pouvoirs publics pourraient tirer sans fin de nouvelles recettes. Avec un taux d’épargne des ménages dépassant 15 % du revenu disponible brut, avec un encours de plus de 1200 milliards d’euros pour l’assurance-vie, la tentation est grande. Si le Français économise, c’est qu’il a de l’argent et qu’il peut donc être taxé. Coupable de s’enrichir en dormant, il l’est également en ne consommant pas. La schizophrénie le guette car il lui est aussi demandé de mettre de l’argent de côté pour préparer sa retraite ou anticiper sa dépendance. Il n’est pas illogique que cette incohérence génère de l’anxiété contribuant ainsi… à augmenter… les dépenses d’assurance maladie…

Il est de bon ton de souligner que la fiscalité de l’épargne serait plus faible que celle du travail. Or les prélèvements sociaux dépasseront les 12 % auxquels il faut ajouter, le cas échéant, les impôts sur les plus values et l’impôt sur le revenu. L’avantage fiscal, appelé également niche, a bien souvent une justification. Il peut être la contrepartie d’une aliénation plus ou moins longue du capital, 5 ans pour le PEA, 8 ans pour l’assurance-vie et indéfiniment pour le PERP. En outre, par définition, les revenus ayant servi à acquérir des actifs financiers ont déjà subi des prélèvements obligatoires.

Il y a, en France, un refus de reconnaître le véritable rôle de l’épargne. Pourtant derrière l’assurance-vie, derrière les SICAV ou les FCP, il y a les obligations d’État qui permettent de financer une part croissante des dépenses publiques ; il y a surtout les obligations et les actions des entreprises. L’épargne, c’est l’investissement de demain et l’emploi d’après demain, pour plagier l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt.