France, pas de quoi rire
La semaine aura été marquée par la plusieurs résultats économiques soulignant la force du ralentissement économique que l’OCDE qualifie de récession. La baisse du pouvoir d’achat de 0,8 % au dernier trimestre, l’augmentation du chômage de 0,6 % avec un taux global de 10,6 % loin du taux allemand à 6,9 % qui est stable depuis deux mois.
Le déficit public de la France a été de 4,8 % du PIB soit 0,3 point de plus que prévu. La France éprouve les pires difficultés à maîtriser ses dépenses publiques qui augmentent plus vite que l’accroissement des richesses. Une course de vitesse s’est engagée entre dépenses et recettes avec en toile de fond une croissance qui s’étiole.
La dette publique représentait à fin 2012 90,2 % du PIB. Le taux de 90 % est souvent perçu comme une borne dangereuse pour les finances publiques en raison des effets d’auto-alimentation qu’il génère.
L’Europe boite bas
La zone euro roule de biais avec l’Allemagne qui devrait renouer la croissance quand la France et l’Italie s’enfoncent dans la récession.
L’OCDE dans son estimation intermédiaire, présentée jeudi, souligne la divergence croissante des économies européennes avec le retour de la croissance en Allemagne (+2,3% t/t annualisés au T1 et +2,6% au T2) et la croissance des autres pays qui restera faible, voire négative. Le PIB français stagnera au premier semestre avec une contraction de 0,6 point au premier trimestre) ; l’économie italienne devrait voir son PIB reculer de 1,6% au premier trimestre et de 1% au deuxième. En moyenne, les trois plus grands pays de l’Union monétaire afficheront une croissance de 0,4% au premier trimestre et de 1% au deuxième bien plus faible qu’aux Etats-Unis qui devrait enregistrer une croissance de 3,5% et de 2% sur les deux premiers trimestres et qu’au Japon (3,2% et 2,2%).
L’OCDE attire l’attention des pays membres sur les risques sociaux qui pourraient se développer du fait de la dureté de la crise en cours au sein de la zone euro.
Les Banques centrales essaient de coordonner leurs actions pour éviter la multiplication des pratiques anti-coopératives au niveau international. Il apparaît de plus en plus nécessaire que l’Europe puisse renouer avec la croissance tant pour rembourser ses dettes que pour éviter un effondrement économique mondial. Les pays émergents du fait de leurs structures de consommation ne peuvent pas relayer les pays dits avancés du jour au lendemain. Les Etats-Unis s’ils arrivent à gérer leur problème de régulation budgétaire pourrait amener une bouffée d’oxygène à l’Europe.
L’Italie partie pour faire durer le temporaire
L’Europe après avoir réglé avec difficulté l’affaire chypriote espère que la crise politique italienne se résorbera assez rapidement même s’il est probable que de nouvelles élections soient inévitables d’ici la fin de l’été.
Le centre gauche qui dispose de la majorité absolue à la Chambre des députés mais pas au Sénat n’a pas réussi à constituer un Gouvernement. Le Sénat est en effet divisé en trois blocs inconciliables, la gauche de Pier Luigi Bersani, la droite de Silvio Berlusconi et les contestataires de l’ex-humoriste Beppe Grillo.
Le parti M5S de Grillo ne veut pas participer à une majorité de gouvernement considérant que le pays peut être dirigé directement par le Parlement. La gauche espère encore arracher quelques voix au M5S afin d’éviter un retour de Berlusconi ouvert à toutes les alliances.
Actuellement, les négociations sont au point mort faute de consensus entre les acteurs politiques. «Grillo ne veut rien faire, Berlusconi veut seulement un gouvernement de grande coalition, ce qui est impossible car le PD (de Bersani) le refuse» pour ne pas s’aliéner un électorat qui déteste le Cavaliere.
Pour débloquer la situation, l’éventualité d’une démission de l’actuel Président de la République, M. Napolitano, 87 ans, est avancée. Logiquement son mandat expire le 15 mai. En l’état, il ne peut pas provoquer de nouvelles élections législatives. Son successeur pourrait convoquer les électeurs pour le mois de juin ou de juillet.
A défaut de solution politique, le Président pourrait confier les rênes du Gouvernement à une personnalité neutre. Sont avancés les noms de la ministre de l’Intérieur Anna Maria Cancellieri, membre du gouvernement Monti, celui du numéro deux actuel de la Banque d’Italie Fabrizio Saccomanni ou encore de l’ex-commissaire européenne Emma Bonino.
Pour le moment, la solution technique rencontre l’opposition de Silvio Berlusconi qui en cas de nouvelles élections pourraient selon les sondages les remporter.
Cette crise politique intervient à un moment charnière en Italie. En effet, le pays est confronté à une récession sévère qui crée d’importantes tensions sociales mais dans le même temps, les mesures courageuses prises par le Gouvernement de Mario Monti commencent à payer. Le budget primaire de l’Etat italien est en excédent, la balance commerciale est positive et la compétitivité du pays s’améliore. De même, les réformes structurelles concernant le marché du travail et les prestations sociales devraient dans les prochains mois porter leurs effets.
Etats-Unis, ne pas s’en tenir à la lecture des derniers indicateurs
Les résultats économiques américains semblent remettre en cause les prévisions de croissance pour autant les spécialistes considèrent que les fondamentaux restent bien orientés.
La confirmation du recul du PIB au quatrième trimestre n’est pas jugée inquiétante d’autant plus que l'investissement des entreprises a été révisé à la hausse, à 13,1% contre 9,7% (précédente estimation). Cette révision est imputable aux dépenses en infrastructures témoignant d’un certain dynamisme.
La demande finale du secteur privé a connu une croissance de 3,7%, la plus forte hausse depuis le quatrième trimestre 2010.
Les économistes tablent sur une reprise de l’investissement des entreprises au début de 2013.
De même, il n’y a pas lieu de s’alarmer du recul des ventes de logements neufs en février (-4,6 %) car cette baisse suit une forte progression en janvier (+13,1%).
Les ventes dans l’ancien sont restées très dynamiques.
Le coin des épargnants
Le Président de la République a annoncé le 28 mars le déblocage partiel de la participation dans la limite de 20 000 euros sous condition de réalisation d’achats réalisés dans les 6 mois.
L’indice Cac 40 de la bourse de Paris a terminé le premier trimestre à 3.731,42 points. Depuis le 1er janvier, la Cac a gagné 2,48 % permettant un troisième trimestre de hausse consécutif.
A suivre
Le 1er avril, aux Etats-Unis, l'indice ISM pour le secteur manufacturier sera publié et devrait enregistrer une légère baisse, à 53,5.
Au japon ; l’indice de confiance du secteur manufacturier et du secteur non manufacturier devrait être publié lundi avec à la clef une nette amélioration.
Mardi 2 avril, l’indice PMI global britannique du mois de mars sera présenté certainement en hausse.
Mercredi sera communiqué le taux d’inflation estimé de la zone euro du mois de mars avec certainement un léger recul.
Jeudi, la Banque centrale du Royaume-Uni devrait annoncer le maintien de son taux directeur à 0,5 %.
Toujours jeudi, la BCE se réunit avec une possible évolution de la politique monétaire afin de favoriser une reprise d’autant plus que l’inflation est revenue sous la barre des 2 %. Certes, l’accord sur Chypre pourrait inciter les autorités monétaires de jouer le statuquo afin d’évaluer ses effets.
Vendredi sera suivi avec attention le rapport emploi aux Etats-Unis avec un taux de chômage de 7,7 mais qui pourrait baisser à partir d’avril.
En Allemagne, il faudra regarder le résultat des commandes industrielles qui devrait indiquer une reprise de l’économie.
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