Depuis le début de l’année, l’environnement financier s’était significativement amélioré mais les risques n’ayant pas totalement disparu, un regain de tensions s’est matérialisé depuis plusieurs semaines. Les difficultés espagnoles et la fin de la « période de grâce » liée aux deux opérations de refinancement bancaire à long terme de la BCE ont remis au centre de l’attention des investisseurs les défis majeurs qui attendent les pays périphériques. En effet, la crise de la Zone Euro ne s'est pas terminée avec la restructuration de la dette grecque. Comme l’atteste la révision de l’objectif de déficit public de l’Espagne pour 2012 de 4,4% à 5,3%, la Zone Euro a encore besoin de temps pour résoudre ses difficultés : la stratégie de réduction des déficits publics en Espagne et en Italie coûte très cher à la croissance et ces deux pays vont vraisemblablement rester en récession toute l’année. Parmi les grands pays, l’Espagne est incontestablement confrontée à la situation économique la plus dégradée, ce qui complique l’assainissement du secteur bancaire et la réduction des déficits. En Italie, la confiance des industriels se redresse depuis cinq mois, ce qu’il est convenu d’attribuer à un « effet Monti » du nom du successeur de S. Berlusconi à la tête du gouvernement. Le gouvernement italien a prévu une aggravation de la récession pour 2012 et retardé ses prévisions de retour à l'équilibre budgétaire, estimant que « malgré les progrès accomplis, il reste encore beaucoup à faire ». Principal problème auquel ces pays font face (mais c’est également le cas, entre autres de la Grèce, du Portugal et de la France) : le déséquilibre extérieur, qui ne peut pas être corrigé par le taux de change. Le soutien à la croissance revient au centre des débats, mais cela nécessitera de favoriser la compétitivité et l’investissement, ce qui prendra du temps. Quelques avancées sur les mécanismes de soutien européens (MSE/FESF) ont été réalisées et la BCE a montré qu’elle était prête à intervenir en cas de risque sur la stabilité du système financier mais les tensions risquent de persister dans les mois qui viennent avec ces problèmes de fond non réglés. En outre, l’agenda européen est chargé (élections grecques, élections françaises, votes aux parlements) et les nouvelles macroéconomiques dans les pays fragiles devraient rester décevantes. Aux Etats-Unis, les signaux manquent de cohérence mais restent dans l’ensemble positifs. Le point central est l’amélioration des conditions d’emploi, malgré quelques doutes apparus récemment (créations de postes en repli au mois de mars). L’économie américaine reste en croissance au voisinage de 2-2,5% l’an, c'est-à-dire dans une zone de vulnérabilité aux chocs. Un moindre expansionnisme budgétaire se dessine à l’horizon 2013 mais la Fed se tient prête à agir en cas de ralentissement de l’économie vers une dynamique jugée insuffisante. De son côté, la Chine a affiché début 2012 sa croissance trimestrielle la plus faible en près de trois ans et le gouvernement a ramené son objectif de croissance annuelle à 7,5%, contre 8% précédemment. Les raisons sont diverses : un affaiblissement de la demande extérieure, une modération de la demande intérieure et des difficultés dans le secteur immobilier, notamment. Au-delà de ces inquiétudes macroéconomiques, quelques doutes sont apparus début 2012 au sujet du pétrole, dans un contexte de tensions géopolitiques accrues (Syrie, Iran, Nigéria). L’incertitude pétrolière n’est heureusement, à ce stade, pas assez intense pour faire rechuter la croissance mondiale attendue et faire craindre un choc inflationniste comme début 2011. Pour conclure, la prudence reste de mise, surtout en Europe, où les progrès accomplis en matière de stabilisation demandent à être confirmés, ne serait-ce que dans la durée, pour convaincre de la capacité de la Zone Euro, et surtout celle de ses membres les plus fragiles (Espagne, Italie), à renouer avec la croissance.
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