L’assurance-vie en mode poussif
Après une petite collecte nette de 800 millions d’euros au
mois de décembre dernier, l’assurance-vie récidive, en janvier, avec un résultat
positif de seulement 400 millions d’euros, très en deçà des niveaux
traditionnellement enregistrés au mois de janvier (supérieur en règle générale
à 1 milliard d’euros). Depuis le mois de septembre 2016, l’assurance-vie
progresse à train de sénateur, la collecte nette variant de -0,6 à +0,8 milliard
d’euros en fonction des mois.
La collecte brute a été, en janvier, relativement correcte
en étant de 11,4 milliards d’euros mais néanmoins en retrait par rapport aux
mois de janvier 2015 et 2016 (respectivement 12 et 12,5 milliards d’euros). Les
prestations (les rachats) se maintiennent à un haut niveau (11 milliards d’euros)
et sont au-dessus de la moyenne de 2016 (9,8 milliards d’euros). Les ménages n’hésitent
pas à puiser de l’argent sur leur contrat d’assurance-vie qui bénéficient à
plus de 60 % d’entre eux du meilleur régime fiscal (imposition à 7,5 %). La
concurrence de l’immobilier se fait ressentir. Les épargnants sortent une
partie de leur argent des contrats d’assurance-vie pour acheter de la pierre.
Le résultat de l’assurance-vie est d’autant plus décevant
que janvier est traditionnellement un bon mois pour l’assurance-vie. Les ménages
profitaient du début de l’année pour affecter une partie des revenus non
consommés de l’année précédente et en particulier des primes (primes de fin
d’année, 13e mois) perçues au mois de décembre. L’assurance-vie a
certainement pâti des annonces des rendements 2016 des fonds euros qui sont en
baisse de 0,2 à 0,4 point, en moyenne, selon les contrats. Par ailleurs, la
politique des compagnies d’assurances d’orienter l’épargne vers les unités de
compte contribue à peser sur le volume de collecte, des épargnants refusant d’allouer
une partie de leurs actifs en UC. Cette préférence pour la liquidité se traduit
par un retour en force du Livret A et du LDDs (collecte nette de 3,27 milliards
d’euros au mois de janvier). Le dispositif de blocage potentiel des contrats
d’assurance-vie par l’Etat en cas de crise grave adopté dans le cadre de la loi
Sapin II se fait encore ressentir.
La collecte des unités de compte a atteint 2,8 milliards d’euros
soit un peu près le même résultat qu’en décembre (2,9). Elle représente près de
25 % de la collecte totale ce qui traduit bien un réel infléchissement. En
moyenne, en 2016, les UC représentaient 20 % de la collecte.
L’assurance-vie, produit mature, est à un moment charnière
de son histoire. Les fonds euros qui ont contribué à son succès car ils
constituaient un véritable triangle magique, sécurité avec la garantie en
capital, relative liquidité et rendement appréciable, sont pour quelques années
moins attractifs. Face à cette nouvelle donne, avec en toile de fond, un contexte
politique et géopolitique incertain, les épargnants sont à la recherche d’un
nouveau paradigme. Si certains acceptent la prise de risque (relative) des
unités de compte, d’autres se réfugient dans des produits traditionnels.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire