Après six années consécutives de décollecte en septembre, le
Livret A a renoué, cette année, avec une collecte positive à hauteur de 1,06
milliard d’euros. Elle avait été négative de 410 millions en septembre 2018. Il
faut remonter à 2012, année de relèvement du plafond et en pleine crise des
dette souveraines, pour retrouver en septembre, une collecte positive (+190
millions euros en 2012).
Depuis le mois de janvier 2019, la collecte nette atteint,
pour le Livret A, 15,77 milliards d’euros contre 10,93 milliards d’euros sur la
même période de 2018. Cette collecte permet au Livret A d’espérer enregistrer
son meilleur résultat depuis 2012, année qui avait été marquée par le
relèvement du plafond.
L’encours à fin septembre frôle la barre historique des 300
milliards d’euros au mois de septembre (299,6 milliards d’euros).
Le Livret de Développement Durable et Solidaire a, de son côté,
enregistré une décollecte de 40 millions d’euros au mois de septembre de. Ce
livret qui est depuis son origine en 1983 distribué par tous les réseaux quand
le Livret A ne le fut qu’à partir de 2009. De ce fait, le LDDS est associé aux
comptes courants des ménages. Il fluctue de manière plus fine que le Livret A en
fonction de l’évolution des dépenses de ces derniers. Le Livret A est considéré
comme un produit d’épargne quand le LDDS est utilisé comme une annexe des
comptes courants. Sur les neuf premiers mois de l’année, la collecte du LDDS
reste positive de 3,57 milliards d’euros. L’encours de ce produit est de 111,2
milliards d’euros.
2019, une collecte positive paradoxale ?
L’année 2019 marque donc une véritable rupture. Jusqu’à
maintenant, le neuvième mois de l’année, tout comme octobre, était un mois
défavorable au Livret A du fait des contraintes liées à la rentrée. Les
dépenses scolaires et les obligations fiscales conduisaient les Français à
retirer de l’argent de leur Livret A.
La rupture de 2019 s’explique par la disparition du paiement
par tiers de l’impôt sur le revenu avec l’instauration, depuis le 1er
janvier 2019, de la retenue à la source. Le dernier tiers constituait pour les
ménages qui n’étaient pas mensualisés le versement bien souvent le plus
important. La suppression progressive de la taxe d’habitation réduit également
les besoins de liquidités.
Ce bon résultat traduit surtout le maintien d’une forte
appétence pour l’épargne. Depuis le début de l’année, le taux d’épargne reste à
des niveaux élevés, (15 % du revenu disponible brut). Les gains de pouvoir
d’achat générés par les mesures prises dans le cadre de la sortie de crise des
gilets jaunes tout comme ceux provoqués par la baisse d’inflation ont été, en
grande partie, épargnés et non consommés comme en témoignent les résultats de
la consommation, étale depuis le milieu de l’année 2018. Les Français s’avèrent
prudents voire inquiets vis-à-vis de l’évolution de la situation économique et
cela malgré l’amélioration du marché de l’emploi. Les messages anxiogènes sur
la conjoncture avec la multiplication des menaces (Brexit, tensions
commerciales sino-américaines, tensions avec l’Iran, problèmes en Syrie, etc.)
ainsi que ceux concernant le climat incitent les Français à mettre de l’argent
de côté.
Quand la baisse des taux fait l’affaire du Livret A
Le résultat de septembre peut apparaître d’autant plus
surprenant que le rendement du Livret A est à un niveau historiquement bas,
0,75 % contre 2,25 % en septembre 2012. Les ménages semblent être
insensibles à ce faible taux.
Les ménages entendent renforcer leur épargne de précaution.
La garantie en capital du Livret A et sa grande liquidité sont plébiscités. La
recherche du rendement passe après.
Les taux bas alimentent l’épargne. Les ménages estiment
qu’il faut épargner davantage pour arriver à se constituer un montant déterminé
de patrimoine (effet d’encaisse). L’argent ne rapportant plus beaucoup, tout
repose sur l’effort d’épargne. Par ailleurs, pour les ménages, les taux sont la
preuve que le système économique est déréglé et qu’il convient de se protéger.
Avec une collecte positive au mois de septembre, la division
de l’année en deux pour le Livret A est remise en cause. Jusqu’à cette année,
le premier semestre se caractérisait par une collecte positive quand le second
était marqué par des décollectes. Le prochain rendez-vous clef pour le Livret A
sera le 1er février avec une éventuelle baisse du taux de rendement.
Compte tenu de l’évolution de l’inflation et de la nouvelle formule, le taux
devrait passer à 0,5 %. Cette baisse pourrait un mouvement de décollecte comme
cela a été constaté lors de ces précédentes baisses. Les ménages mettent, en
règle générale de 3 à 6 mois pour s’habituer au nouveau taux.
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